Aujourd'hui, Pablo finalise sa mission de 9 mois auprès de El Abrojo en Uruguay. Il revient sur son expérience et sa vision du volontariat
Ma vision du volontariat (en service civique)
Le volontariat en service civique est un moyen de découvrir un domaine, une activité, un secteur professionnel qui nous intéresse, ou autrement, qui aiguise notre curiosité. Malgré le fait de signer un contrat sur une durée déterminée, cela ne nous accorde pas le statut de salarié et les droits et devoirs qui vont avec. Pour moi il s’apparente plus à un stage rémunéré. Ce n’est en aucun cas un moyen de subvenir à ses besoins financiers surtout en le réalisant en France avec le niveau de vie que l’on connait.
Il permet de réaliser des missions et un travail qui nous intéressent. Je déconseille fortement de s’engager auprès d’une structure sans avoir d’intérêt pour les missions qu’elle propose. Ces missions proposées par la structure, c’est le volontaire qui va les mener. Ce qui sous-entend qu’il va les réaliser à sa manière, dans la limite du cadre donné évidemment.
Mis à part l’âge limite, le volontariat n’est soumis à aucun niveau de diplôme ou autre. Il ne demande aucune compétence spéciale si ce n’est à l’appréciation des recruteurs. Ainsi il permet de s’ouvrir à des domaines que nous ne connaissons pas forcément mais qui nous intéressent fortement.
Du donnant-donnant
En aucun cas la structure d’accueil ne doit engager un volontaire sur un poste existant, afin de lui faire réaliser le travail d’un salarié. Cela est bien stipulé dans le contrat et c’est aussi un rôle important de la personne tutrice qui doit appuyer et aider dans ce sens-là le volontaire toute la durée de son service.
Le but de ce-dernier dans sa mission est de partager et utiliser ses compétences tout en développant de nouvelles. Il existe une plus-value d’engagement, d’où l’intérêt de la motivation des deux partis, une plus-value de dynamisme par le travail que va réaliser le volontaire. Il va apporter un vent de fraicheur, une autre vision, des idées innovantes parfois pour la structure d’accueil. Tout cela dans un domaine, une branche de la structure qui n’est pas proprement indispensable à son fonctionnement, mais qui peut le devenir de manière positive.
Pour être plus clair, le volontaire est un apport car il va mener des actions, réaliser des missions « bonus », représenter la structure, la faire vivre tout en se construisant lui-même et en développant des compétences.
Une opportunité de voyager, découvrir autre chose
En plus de découvrir un domaine professionnel, le volontariat en service civique peut aussi être une opportunité de voyager. Que ce soit en France ou à l’étranger, certaines offres de service civique se réalisent hors métropole. Cela amène une expérience nouvelle, parfois unique qui sort encore plus d’un volontariat classique car il permet de plonger dans l’inconnu, sortir de son confort et rencontrer une autre culture, une autre langue ou un autre mode de fonctionnement.
Le volontaire va arriver dans la structure d’accueil avec une valise d’expérience personnelle dans le domaine d’intervention, une vision propre à lui, une manière de faire, des savoirs, savoir être et savoir-faire qu’il va confronter aux différents publics et évènements qu’il va rencontrer durant sa mission. Cette confrontation va mener à des échanges de points de vue, de pratiques et une réflexion continue. Là encore, le volontaire va développer ses connaissances, son expérience et ses compétences tout en apportant de la nouveauté à la structure.
Il me semble important de mettre en avant la préparation de la mission et de l’accueil, surtout dans le cas d’un engagement auprès d’une structure à l’étranger. J’entends par là établir un contact solide en amont, bien définir le cadre, les missions et les attentes de chacun. Je ne suis pas un grand partisan de la notion de « cadre » qui peut paraitre limitative et sonner négativement (cadre juridique ou déontologique…), restreindre la capacité de mouvement, d’innovation et de liberté du volontaire mais il est indispensable que tous les partis comprennent bien la démarche du volontariat et les possibilités qui en découlent. Pourquoi je viens dans votre structure ? Quelles vont être mes missions ? Quelle répartition des heures de travail ? Jusqu’où va aller ma liberté d’intervention ? Une fois cela fait, le volontaire aura justement plus de liberté et d’appuis de la part de ses collègues. Il faut tout de même prendre conscience que les réponses à ces questions et à beaucoup d’autres vont évoluer pendant toute la durée du volontariat. Le volontaire va développer sa manière de réaliser ses missions, de collaborer avec ses collègues, les interpeller, sa relation avec les publics… sa vision sur son volontariat dans sa globalité va continuellement se transformer et par conséquent le cadre aussi.
Il existe de nombreuses formes de volontariats en France qui permettent d’aller exercer à l’étranger plusieurs mois ou plus.
L’influence sur le public et le volontaire
Parce qu’il va avoir une manière différente de faire, de voir les choses, de préparer et réaliser ses missions que ses collègues salariés. Parce qu’il intègre la structure temporairement, qu’il arrive avec son propre bagage et sa vision. Peut-être aussi parce qu’il est jeune, le volontaire va avoir une influence sur le public. L’influence peut être due à de nombreuses causes.
Pour ma part, l’influence que j’ai pu avoir sur le public avec lequel je travaillais est surtout venue du fait que je sois français et donc un étranger pour eux. Cela se traduit dans les échanges, leur curiosité (seulement au début) et ma façon de faire qui est complètement différente de mes collègues. Nous n’avons pas les mêmes codes. Un mini choc culturel se forme alors surtout de mon côté. J’ai une autre vision qu’eux et agis différemment. Je dois cependant m’adapter à leurs codes. Pour cela il y a un temps d’observation, de questionnement, d’apprentissage qui passe par les temps de travail comme les temps en dehors. Toutes les interactions serviront à s’adapter aux codes culturels et ainsi à modifier mon comportement. Ces moments d’interculturalité vont aussi bien influencer mon mode de fonctionnement comme ils vont agir sur les publics avec lesquels je vais être amener à travailler.
La possibilité de créer soi-même son volontariat en service civique
La forme la plus courante pour réaliser un volontariat en service civique est la suivante. Une structure présente une offre de volontariat, plusieurs personnes postulent et effectuent un entretien. Cela peut s’apparenter à un processus d’offre d’emploi basique suivant l’organisation d’accueil.
Mon expérience m’a prouvé qu’il est possible de faire différemment. En effet, partir d’un projet personnel, d’une thématique globale, trouver une ou des structures qui pourraient être intéressées et les solliciter. Cela ne se fait pas en deux jours mais vaut le coup d’être tenté. Cette démarche est aussi très intéressante si l’on ne trouve pas son compte dans les offres de volontariats proposées.
L’idée n’est pas d’avoir directement en tête les missions que l’on souhaite effectuer mais un domaine d’intervention, un thème qui colle à la structure et sur lequel on aimerait travailler. Il s’agira, à partir du moment où l’organisation répond être intéressée, de définir plus précisément ce qu’il peut être fait, construire les missions ensemble et monter le projet. Cela permet de se sentir plus concerner par le travail futur et d’orienter les missions au plus proche de ses attentes personnelles ainsi que celles de la structure.
Pour ma part et afin d’illustrer par du concret, je souhaitais partir vivre hors d’Europe dans un pays hispanophone plus ou moins durant une année. Vivre tout en travaillant un peu, de quoi assurer un petit revenu mais dans un domaine qui m’intéresse. Je ne voulais pas partir avec un visa PVT (Plan Vacances Travail). J’ai choisi de viser l’Argentine, le Chili ou l’Uruguay et de me tourner vers un volontariat en service civique. Au départ je n’ai trouvé absolument aucune offre de volontariat répertoriée sur le site officiel du service civique. Et ce, quel que soit le domaine, dans toute l’Amérique du Sud. Puis j’ai eu vent d’un partenariat international récent entre une association située en Uruguay et les CEMEA, ayant des contacts avec une des antennes en France. J’ai donc creusé cette piste en envoyant des emails et en appelant des antennes régionales. Après plusieurs refus ou silences c’est l’antenne des CEMEA Occitanie de Montpellier qui m’a fait part de son intérêt dès ma première sollicitation. Nous avons donc construit le projet ensemble en amont avec ma future tutrice en faisant des ponts entre les missions des CEMEA de Montpellier et l’association uruguayenne ainsi qu’en définissant les attentes de chacun puis les domaines d’intervention possibles.
J’ai donc réalisé un volontariat en service civique de 12 mois au total de la façon suivante : 2 mois à Montpellier afin de mieux préparer mon projet là-bas et réaliser des actions qui me font gagner de l’expérience sur les thèmes que je souhaitais développer une fois sur place. Cela m’a aussi permis de mieux connaître la structure, ses valeurs et son fonctionnement afin de bien la représenter à l’étranger. Ensuite j’ai effectué 9 mois à Montevideo et suis intervenu auprès de l’association El Abrojo.